Retour de vacances... Un air de déjà lu flotte dans la presse dite sérieuse pour laquelle je cède plus de deux-cents euros par an pour un abonnement. Michèle Martin pourrait être libérée sous conditions. Les électeurs qui en 1996 ont reconnu que les modifications du système judiciaire allaient dans le bon sens, les juges qui l'ont condamnée, les députés qui ont voté les lois, les ministres qui les ont écrites le savaient. Vraisemblablement, quelque part vers les années 2010-2015, Michèle Martin sortirait de prison.
Et l'on voudrait aujourd'hui crier au scandale ! Vendre un peu plus de papier en attisant la vengeance populaire, la double condamnation d'un tribunal, assortie du bannissement. J'étais frappé en recevant sur Facebook hier une caricature montrant Michèle Martin ayant droit au minimex, comparée à un "pauvre clochard" mourant de faim.
Arrêtons ! S'il vous plait, arrêtons... Madame Martin a commis des actes atroces, et il n'existe pas de punition assez dure pour de tels faits. Mais elle remplit également les conditions qui l'autorisent à recouvrer une liberté conditionnelle. Et elle a remis à cette fin un projet que peu de prisonnier accepteraient de remettre, troquant sa prison contre un enfermement volontaire. Quel sens peut encore avoir l'emprisonnement si aucun espoir d'en sortir n'existe. Pourquoi se comporter correctement derrière les barreaux si l'on n'est pas récompensé par rapport à ceux qui sèment la violence dans le système carcéral ?
De tous les coins populistes du pays, l'on entend que pour les "monstres" comme Madame Martin, il faut un régime spécial. C'est oublier que le coeur d'un système démocratique qui fonctionne, c'est de disposer de législateurs qui écoutent et réfléchissent, de gouvernements qui décident, mais surtout (en l'occurrence) d'une justice qui arbitre sans être asservie aux émotions.
Je regrette que Madame Martin n'ait rien fait pour apaiser la douleur des familles de ses victimes, comme je regrette (tout en le comprenant) que ces dernières restent cloitrées dans une exigence de "loi du talion" qui ne trouvera jamais satisfaction. Mais si Madame Martin s'est comportée de manière à pouvoir bénéficier - aux yeux de la loi - d'une libération conditionnelle, il faut qu'elle en bénéficie. Et si elle ne peut trouver un travail rémunéré, il est normal qu'elle bénéficie d'un revenu minimal (qui sera sans doute celui d'un cohabitant vu son lieu de résidence). Que celui qui ne veut pas la voir bénéficier d'une telle assistance lui propose un travail normalement rémunéré, mais je crains que l'on ne se pousse pas au portillon...
Et puis, pour revenir au début de mon propos, j'ai une pensée pour Monsieur Metdepenningen, chroniqueur judiciaire du Soir, qui s'est encore fendu cette semaine d'un éditorial appelant à la haine. Comme je vous plains Monsieur, combien de souffrances et de frustrations devez-vous avoir rencontré dans la vie pour déployer autant d'énergie à demander la souffrance d'une autre.
Non, vraiment, il est temps que Madame Martin se perde dans les méandres d'un couvent et que Monsieur Metdepenningen pense enfin à prendre sa pension. Car attention, dans trois ou quatre and, le même scénario risque de se poser avec un autre acteur des drames de 1996, combien plus dangereux celui-là...
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